Depuis l’arrivée du Digital Markets Act (DMA), l’Europe veut mieux encadrer les géants de la tech. Mais dans les faits ? C’est parfois l’utilisateur qui trinque. Google, et notamment Google Maps, en est le parfait exemple. La firme de Mountain View tire la sonnette d’alarme.
Une régulation qui complexifie l’expérience utilisateur
Le DMA, pensé pour limiter les abus de position dominante des géants du numérique, commence à produire ses effets… et pas forcément les bons. Désormais, accéder à Google Maps en un clic depuis une recherche Google, c’est fini. En Europe, on doit souvent passer par des agrégateurs ou effectuer des manipulations supplémentaires pour afficher une simple carte.
Résultat : une expérience utilisateur dégradée, avec des clics en plus, de la confusion, et beaucoup de frustration. William Echikson, expert au Centre d’analyse politique européenne, parle d’un usage « inutilement compliqué » pour des millions d’Européens.
Google dénonce un « labyrinthe numérique »
Ce que Google critique ? L’effet paradoxal du DMA. Une mesure pensée pour offrir plus de choix qui, au final, rend les services plus difficiles d’accès.
Jessica Stegrud, ancienne eurodéputée, va encore plus loin : elle parle d’un « mastodonte bureaucratique » qui ralentit l’innovation et pénalise les utilisateurs.
Et Google ne mâche pas ses mots :
« Nous sommes sincèrement préoccupés par les effets concrets du DMA, qui dégradent la qualité des produits et services en ligne pour les Européens. »
Un message clair envoyé aux régulateurs européens, alors que le non-respect du DMA peut entraîner des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel mondial. Du lourd.
Interopérabilité : quand sécurité et innovation prennent un coup
Le DMA impose aussi des règles d’interopérabilité : en clair, les géants doivent ouvrir certains éléments techniques à des développeurs tiers. Mais cela inquiète sérieusement l’ITIF (Information Technology and Innovation Foundation), dont Google et Apple sont membres.
Pourquoi ? Parce que cela augmente la surface d’attaque. Notifications, historique Wi-Fi, contenu système : ces données sensibles deviennent plus vulnérables. Des chercheurs de l’université de Cambridge alertent : cette ouverture forcée pourrait compromettre la sécurité des utilisateurs.
L’Europe, future zone grise de l’innovation tech ?
L’Union européenne risque-t-elle de devenir une citoyenne de seconde zone du numérique ? C’est ce que craignent de plus en plus de voix. Prenons quelques exemples :
- Apple Intelligence, lancée en juin 2024 aux États-Unis, n’est arrivée en Europe qu’en avril 2025, à cause du DMA.
- Meta a reporté Threads de 5 mois sur le Vieux Continent pour les mêmes raisons.
Pour Henrique Schneider, ex-économiste en chef de la Fédération suisse des PME, c’est une vraie alerte :
« Le DMA, comme le RGPD à l’époque, profite aux plus gros acteurs. Il alourdit les coûts pour les PME et complique l’entrée de nouveaux concurrents. »
En gros, les bonnes intentions de Bruxelles pourraient ralentir l’innovation locale et renforcer la domination des géants existants.
114 milliards d’euros potentiellement en jeu
L’étude de l’ITIF chiffre même les pertes potentielles à 114 milliards d’euros pour les services européens, soit plus de 1 100 € de productivité perdue par salarié. Pas anodin.
Le message est clair : trop de régulation tue la régulation. L’Europe veut encadrer la tech, mais elle risque de freiner sa propre compétitivité et d’isoler son marché numérique.
En résumé : un équilibre (très) dur à trouver
✅ Ce que le DMA veut faire | ❌ Ce qui se passe en réalité |
---|---|
Protéger les utilisateurs | Complexifier l’accès aux outils comme Google Maps |
Favoriser la concurrence | Créer des barrières d’entrée pour les PME |
Ouvrir les écosystèmes | Affaiblir la sécurité des systèmes |
Réduire l’emprise des GAFAM | Ralentir l’innovation locale |
Le mot de la fin
Réguler les géants de la tech, c’est essentiel. Mais attention à ne pas sacrifier l’expérience utilisateur et l’innovation en chemin. Aujourd’hui, ouvrir Google Maps en Europe, c’est presque une mission…